Le grand matin a fini par se lever. Le soleil était au rendez-vous et il allait être le spectateur de notre sommet.
Après être montés dans la télécabine, qui nous mena au pied de l’Aiguille du midi, nous avons pu chausser nos raquettes et partir à la conquête de notre Everest. Ciel bleu, neige blanche, le paysage était merveilleux. Les premiers pas se sont faits dans la bonne humeur mais nous savions que très vite cela se compliquerait. La pente commençait à être raide. Petit à petit, nos pas se faisaient lourds mais ils se faisaient également de plus en plus déterminés. Chacun à notre rythme, on avançait toujours plus haut. Notre rage de vaincre augmentait avec l’altitude. Une chose aurait pu nous stopper avant la fin. La peur. Mais au cours de notre semaine nous avions appris à la repousser. A prendre des forces, dans chacun de nos repas, afin d’éviter la fatigue qui nous aurait fait arrêter. A penser à nos proches, sans pleurs, car nous les savions présents à chaque instant, pour nous donner toujours plus de force. Mais surtout, à lâcher prise, ne plus penser et juste avancer. Toujours plus haut. Ces forces, nous ne les avons pas gagnées cette semaine. Non. Chacun de nous les avait simplement amenées, dès le départ. Nous les avions gagnées dans d’autres lieux, d’autres épreuves. Aujourd’hui, Christine nous a permis de faire ressortir ces qualités que nous ignorions avoir : solidarité, force, courage, envie. C’est tout cela que nous pouvions voir du haut de notre sommet, quand nous regardions plus loin que les hautes montagnes savoyardes. Aujourd’hui, nous avons franchi un sommet à plus de 2300 m d’altitude. On a tous franchi plus grand. Et à partir de maintenant, si on le peut, on en franchira tous les jours, car nous en avons le pouvoir.